mardi 13 mai 2014

2 - Une vision des choses

En rasant la pointe du clocher, la Lune m'apparut comme un Graal à atteindre. Ce soir-là les choses aux apparences les plus anodines me dévoilaient un sens caché : je percevais l'essentiel. C'est-à-dire, littéralement le sens du ciel. En somme, sa direction la plus directe, son chemin le plus immédiat.

Je me pris au jeu de ces réflexions à la fois bêtes et subtiles.

En imagination je remplaçai donc la pierre brute de la pieuse construction par le feu et l'acier technologiques de notre siècle : je fermai les yeux et l'église devint fusée. Le vaisseau désignait l'astre, prêt à s'affranchir de la pesanteur. Les paupières toujours closes, je vis le mastodonte s'élever dans un bain de lumière, majestueux.

Il rejoignit bientôt la nue, perçant les nuages, filant à la rencontre d'une nuit peuplée de rêves.

Je le sentais à présent qui parcourait les profondeurs sidérales : ma pensée vagabonde le suivait dans sa course vers l'infini. 

Avec pour tout moteur, le seul essor de la poésie. 

Les choses ayant pris une soudaine hauteur sous mon regard neuf, je voyais finalement le monde avec vérité. Devant moi le roc inerte avait déployé ses ailes. A travers le miracle de l'éther, la matière en quelque sorte s'était allégée.

Je rouvris l'oeil, bouché bée, de l'azur dans la tête, l'air de rien ou de si peu...

Et je demeurai au pied de l'édifice à fixer la voûte étoilée, idiot.

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