mercredi 22 décembre 2021

23 - Vers la Lune

Je pars sur la Lune, porté par mon aile de plume et d’éther.
 
Je vais rejoindre cette lueur lointaine, me fondre à cette source de songes étranges, me réchauffer à ce foyer du firmament.
 
Et puis me perdre, plein de mélancolie, dans ses paysages de mort.
 
Oui, je veux cheminer le long de ses rivières de poussière. Jouer avec ses ombres sèches et glacées. Croiser ses rochers aux têtes inconnues, aux faces changeantes, aux airs pétrifiés.
 
Et voir apparaître la face de la Terre depuis mon immuable sol d’exil. Le regard dans l’immensité, les pieds dans le régolithe.
 
Déjà loin de vos vies trop lourdes, je m’envole vers la légèreté, le silence et l’infini. Les bras tendus vers le ciel entre le rêve et l‘aube, je m’élève.
 
Je monte en m’endormant.
 
Et plane dans l’ailleurs, ivre de hauteurs énigmatiques et d’horizons poétiques, assoiffé de nuages, épris d’oniriques voyages, en quête d’autres visages...
 
Enfin, parvenu au bout de mon aventure, au coeur de ma folie, au sommet de ma joie, je me pose sur le satellite d’or.

J’ouvre les yeux et me réveille au bord de mon lit, l’âme encore pleine de la lumière de l’astre.

jeudi 23 septembre 2021

22 - Une boule de mystère

Dort-elle ? Est-elle morte ? Mise en veilleuse ? Eteinte ?
 
Moi je dirais qu'elle rêve depuis qu'elle tourne, la Lune.
 
Elle vit comme un spectre autour de la Terre, glisse tel un fantôme dans l'empyrée, erre les yeux fermés dans son monde onirique.
 
Elle voyage de siècles en siècles, d'un imaginaire à l'autre, sans différente raison que la beauté du mystère, le charme de sa présence, la profondeur de ses orbites...
 
Et la clarté de sa face énigmatique que révèlent les feux d'Hélios.
 
A-t-elle une âme ? Est-elle en vie ? Est-ce une flamme ? Est-elle somnambule ?
 
Je sais en tout cas que c'est une bulle pleine d'histoires, une boule semée de cailloux, une bille dans le ciel, une pierre qui ressemble à une plume en somme.
 
Elle s'allume et s'assombrit au gré des mouvements solaires, vagabondant sur ses rails célestes, apparaît et s'évanouit à dates fixes et reste gravée pour l'éternité dans les natures mélancoliques, les coeurs amoureux, les souvenirs d'enfance.
 
Qui est-elle en réalité ?
 
Un astre anonyme ? Un corps astronomique sans but ? Un artifice inutile ? Un globe de pur hasard ? Une entité physique déterminante  ? Une chose venue de nulle part ?
 
Nul ne le sait.

mardi 31 août 2021

21 - L'astre des morts

Les nuits de pleine lune je deviens un oiseau nocturne aux ailes dorées, au bec funèbre, au coeur doux et au chant austère.
 
Et tandis que luit au firmament la sphère cadavérique, je ferme les yeux et m’imagine voler au-dessus des cimetières tel un hibou fantastique se mêlant aux spectres.
 
Je suis alors l’allié des choses mortes, l’ami des tombes lustrées et des astres éteints, le compagnon du silence et des clartés moribondes...
 
Et je plane au-dessus des marbres, l’âme paisible, rêvant de crânes et de poésie. Puis je monte encore un peu plus dans l’éther ténébreux en direction de la sélénique figure, m’éloignant de la Terre et de ses défunts.
 
Et je voyage haut dans l’azur, loin dans l’espace, ailleurs vers l’inconnu.
 
Peut-être arrivé-je au pays des décédés...
 
Là où séjournent les étendus d’en bas, ces hôtes endormis des tombeaux que viennent réveiller un peu les froids rayons du satellite.
 
Et comme un chat-huant ivre de ciel, je tourne dans le zénith toutes plumes déployées, la tête pleine de pensées folles et lumineuses, le front couronné de reflets lunaires, les yeux toujours clos.

En réalité je me suis encore assoupi dans l’herbe en contemplant la sidérale apparition.

vendredi 25 juin 2021

20 - La Lune et moi

J'attends son apparition le soir au-dessus de mon foyer, comme un rendez-vous amoureux entre le sol et l'infini, la terre et le rêve, les racines et l'éther.
 
Elle luit telle une chandelle presque morte, errant dans l'empyrée avec ses airs de fantôme, son visage impénétrable, son silence de chat, son regard éteint.
 
Cet oiseau quasi sans vie parfois me fait peur avec ses grandes ailes funèbres et ses clartés macabres au coeur de la nuit. J'ai alors l'impression que c'est un crâne qui roule dans le firmament en répandant sur notre monde plus de ténèbres que de lumière...
 
Qu'elle me séduise ou m'effraie, m'enflamme ou me glace, me stimule ou me pétrifie, la Lune et la seule amante de mon existence de solitaire, l'unique compagne de mon triste sort de célibataire, la confidente essentielle de mon destin d'esseulé.
 
Elle et moi sommes deux pierres.

Elle l'ombre dans le ciel, moi le pauvre mortel.