Elle ne brille que pour les élus et je ne brûle que pour sa face de déesse
tranchante.
Je la sais sélective : elle aime se faire aimer des coeurs singuliers, des
figures amères, des âmes trempées dans les affaires nocturnes.
Elle destine surtout ses funèbres lueurs aux bipèdes dotés d'ailes qui
savent goûter aux mets âpres, spartiates et si doux pourtant que leur offrent
les montagnes, les océans et les astres.
Les romantiques, les mous, les faibles, les frileux, les pharmaciens, les
pragmatiques, les raisonnables, les prudents ne méritent que ses éclipses. Les
quelques autres, les chercheurs de crapauds, les quêteurs de sommets, les loups,
les vagabonds aux semelles puantes, les peaux agrestes et les natures burinées
au vent de la vérité, de la beauté, de l'éveil, eux regardent son front de roc
et de miel, d'or et de misère avec la délectation des dieux pour les fruits de
l'Olympe.
La Lune est accessible aux seuls rats des égouts capables de humer les
fleurs, c'est-à-dire aux mortels éclairés de la Terre, allégés, libérés des
chaînes de ce siècle, qui depuis longtemps se sont envolés vers l'azur comme des
papillons.
Si vous voulez entendre battre sa pierre, si vous souhaitez sonder ses
orbites, creuser ses cratères et entrer en contact avec cette tueuse de rêves,
ennemie des dormeurs, briseuse d'écrans, "dissipeuse" d'artifices, alors il vous
faudra vous dépouiller de vos lourdeurs, rompre avec vos petitesses et vous
ouvrir à la grandeur, au mystère et à la poésie qui dépassent la hauteur de vos
doigts de pied pataugeant dans l'excrément de vos jours de vacuité et de
vulgarité, vous la majorité, vous les léthargiques casqués, masqués, annelés et
empaquetés comme des porcs dans vos flasques habitudes d'adeptes de la
moyenne.
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