mardi 13 mai 2014

1 - Rencontre au sommet

Ce soir je vais à la Lune.

 
Je marcherai à sa rencontre, l'âme flâneuse, le pas paisible. Elle se montrera ronde, mon coeur sera plein. L'astre étrange est mon asile, mon vertige, mon abîme. Funambule vénéneuse de la voûte, chandelle errante de la nue, j'aime sa molle course au-dessus des toits.
 
Tantôt discret sourire, tantôt face de diable, son mystère s'épaissit au fil des heures. C'est une noble dame qui porte robe longue. C'est aussi une traîtresse qui ricane derrière les égarés. Mieux vaut s'en faire une amie ! Tandis que les dormeurs seront plongés dans leurs rêves, je cheminerai sous son voilage d'éther.
 
Je la contemplerai longtemps, somnambulant entre bois et sentiers, la semelle terreuse, le front palpitant, tout en effleurant le firmament d'un geste grave et dérisoire. Je lui parlerai, tandis que régnera un silence d'or.
 
L'obscurité deviendra argentée.
 
Vagabonde sidérale, elle disparaîtra dans la brume du matin. Et moi comme d'habitude, frissonnant de froid, je me hâterai vers l'âtre. A l'aube je m'endormirai, les cheveux blanchis de la poussière des chemins, la tête remplie des diamants de la nuit.

2 commentaires:

  1. Ils sont bien vos poèmes. Ça change des discours scientifiques sur les astres. Après tout, c'est l'être vivant qui fait qu'il y a un cosmos, sinon rien ne serait vu ni entendu, ni pensé ni ne serait cultivé.

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