Au coeur de la nuit un rayon de Lune frappa à mon carreau. J'ouvris la
fenêtre et le rêve entra dans ma chambre pour s'asseoir au bord de mon lit.
C'était une silhouette diffuse avec un visage vague, une tête dans le flou,
ainsi qu'une flamme changeante.
Tandis que je l'observais, ses traits se précisèrent.
Sa face était éclatante comme un croissant de miel et ses membres
s'apparentaient à des rameaux pleins d'élégance. Sa chevelure brillait autour de
ses pommettes saillantes et son front cadavérique ajoutait un peu d'ombre à sa
beauté sidérale. Visiblement j'avais affaire à une entité féminine. Une créature
entre la chair et le minéral, à mi-chemin entre le sommeil et la veille.
Peut-être même à égale distance entre notre Terre et son satellite, c'est à
dire entre la vie et la mort.
En tout cas, une femme à l'image des gouffres et des vallons, de la
poussière et du silence, des rochers et de la glace. Une jardinière du sol
sélénite cultivant des citrouilles ricaneuses et autres chimères. Ou une
fleuriste des tombeaux.
Les mains noircies de terreau, les pieds blanchis de régolithe.
Avec, à la place des yeux, deux cratères.
Et un immense mystère tournant en orbite autour de ses pensées.
Elle me fixait sans rien dire, alors que je la dévisageais avec curiosité,
à demi couché sur ma literie.
Soudain, un sourire apparut au centre de ce faux soleil. A ce moment
précis, la pièce s'illumina. Un éclair fantastique venu du dehors embrasa
furtivement le logement.
Et l'inexplicable visiteuse disparut.
Et je demeurai seul, dubitatif, ne sachant si j'avais été en présence d'un
spectre, d'une intruse astrale ou de je ne sais quelle nocturne
incarnation...
A l'aube, je découvris un énorme trou au milieu de mon potager.
Avec, au fond, une météorite.
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