Sous la Lune je suis seul comme un loup, l'âme lourde, le coeur telle une enclume, et sur ma feuille de papier ma plume pleure ces mots tristes, froids, durs.
Parce que, voyez-vous, la lueur mortelle de cette chandelle astrale me rappelle les traits mélancoliques de votre face jadis aimée, vous qui aujourd'hui êtes devenue vieille, laide, presque morte...
Vous étiez claire et jeune, vous êtes sombre et ridée.
J'étais amoureux de vos beaux yeux, il y a longtemps. Ils sont maintenant deux sinistres orbites sur un crâne terni.Vous souriiez aux petits riens de la vie, vous crachez à présent sur tout.
La rose d'hier s'est transformée en champignon toxique.
Sous la ronde Séléné je me retrouve avec mes meilleurs souvenirs de ce que vous fûtes, et je préfère encore contempler la figure glacée de cette grosse pierre au regard figé plutôt que votre trogne putride d'amante avariée qui ne songe plus qu'à confectionner d'affligeants pot-au-feu, ce bonheur dominical désespérant qui est le dernier argument des êtres séniles, avant qu'ils ne sombrent dans la tombe.
La flamme qui hante mes nuits demeure l'ultime et immuable amour de mon existence d'esthète, et lorsque vous trépasserez, je croiserai mon alliance d'or avec sa couronne de lumière, afin qu'elle et moi nous soyons unis à jamais dans un serment sacré et indestructible fait de rêves purs et d'éternel régolithe.
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