Atténuée derrière le voile des nuages, la Lune a le visage tiède des nuits
sans éclats.
Elle prend alors des airs insipides et se montre pleine de faiblesse. Elle
devient fade, sans couleur. Et dégage un parfum familier qui ressemble à l'odeur
morose d'un vieux salon délaissé.
Sa face aux traits estompés n'exprime plus rien et sa tête se vide
inutilement dans l'espace.
Avec ses allures d'astre anonyme, elle ne brille plus. Elle somnole,
presque éteinte, absente, ailleurs, déconcentrée, égarée dans ses rêves mornes
de triste étincelle.
Elle n'attire plus l'oeil là-haut au-dessus de ce brouillard qui lui coupe
ses rayons. Privée de ses bras de lumière, elle n'a plus grand effet sur Terre.
Elle ne caresse plus les hommes de ses doigts de fée.
Sans ni chaleur ni froideur ni douceur, n'inspirant ni même de frayeur,
elle est sans saveur.
Devenue molle, vague, invisible, elle n'intéresse plus personne. Sauf
peut-être les ivrognes qui divaguent à son sujet ou les vieillards séniles qui
radotent sur le mystère de sa dilution dans le ciel, comme si elle était une des
rondelles de navet noyée dans leur soupe au lait.
Bref, lorsque le satellite s'évapore ainsi dans ses hauteurs suspectes,
amoindri par la brume, il n'existe plus pour les chercheurs de trésors nocturnes car il
porte le masque infâme de la banalité.
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