jeudi 26 mai 2022

34 - Folies lunaires

Je prends le chemin de la Lune, la route de l'allègement, la direction de la paix.
 
A deux pas de mes pieds, il y a l'espoir de m'en rapprocher, aussi peu que possible mais de manière certaine. Alors je franchis l'infime distance me séparant de la lointaine flamme et aussitôt, me retrouve... sur la terre ferme, au même endroit où j'étais un instant auparavant.
 
La force de l'imagination ne suffisant visiblement pas pour un voyage aussi complexe, périlleux, incertain, il me reste la possibilité d'observer le satellite à travers des lentilles et ainsi de le toucher d'un regard perçant, sans devoir quitter le sol terrestre.
 
Mais, rongé par le mal de l'économie à tout prix, de l'épargne furieuse, du radinisme de rat, au lieu de m'acheter un télescope, je décide finalement de me coucher sur l'herbe et de l'attendre en pleine nuit comme un rendez-vous gratuit entre deux amoureux.
 
Sauf que cette dame du firmament n'est point éprise de moi. Ce n'est qu'un vaste roc insensible, une grosse pierre sans coeur, une nature morte voguant dans le ciel, et rien de plus.
 
Sa lumière qui, comme une balle de fusil d'opérette, me va droit au front et le gèle d'un bonheur nocturne, est sans vie certes.
 
Mais non sans âme.

Elle répand sa teinte d'or sur le monde. Et ma plume qui s'en abreuve jusqu'à l'ivresse, recrache ces mots d'amour fous sur cette humble feuille de papier noircie de bêtises sans nom mêlées d'idées brillantes.

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