vendredi 31 janvier 2025

108 - Ma cabane sur la Lune

Mon désir le plus irréalisable, mais non le moins cher, serait de loger dans une cabane construite sur le globe lunaire. Oui, j'aimerais follement habiter sur la Lune entre quatre murs de bois sec, bien à l'abri sous un toit aussi modeste que possible, avec en guise de jardinet une immensité de régolithe stérile.
 
Enfin parvenu au bout du monde, je jouirais ainsi d'une vue imprenable sur la Terre.
 
Comme je me sentirais heureux dans ma demeure faite de rondins de chêne, enracinée pour toujours dans le sol de notre satellite, si loin de l'attraction terrestre !
 
Sur cet asile totalement asséché, parfaitement inhabitable, définitivement irrespirable, et donc selon mes critères idéal, suprême et pur, se dresserait mon humble foyer de contemplatif, hors des regards humains, si proche de l'ailleurs.
 
Avec le silence éternel pour tout horizon.
 
Moi seul y pourrais vivre, par la force prodigieuse de ma flamme poétique.
 
J'y passerais ma vie entière dans une solitude sublime. Mes jours consisteraient alors à laisser couler le temps comme une onde essentielle, une eau fluant vers l'infini, un ruisseau de fraicheur entre le feu des étoiles.
 
Mes uniques activités deviendraient vite absorbantes, captivantes, absolues : me promener, dormir, rêver.
 
Je me réveillerais chaque matin à l'heure légère de l'onirisme. Et ouvrirais les yeux sur un espace autour de moi plein de mortelle beauté.
 
Mes journées, palpitantes, commenceraient par quelques pas dans la brillante poussière, se prolongeraient par un envol autour de mes pensées les plus élevées et se termineraient par un séjour vespéral dans les profondeurs des cratères.
 
De quoi bien m'occuper durant un siècle !

Et lors de mes nuits d'un sommeil bien mérité à l'intérieur de ma maison de billots, la boule azurée depuis laquelle vous lisez ces lignes me tiendrait lieu de singulier lampadaire.

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mercredi 15 janvier 2025

107 - La légèreté de la Lune

La Lune qui brille comme une pierre dans le ciel vous observe dans le silence de la nuit. Elle vous suit du regard, vous les mortels qui marchez, allez et venez sous sa lueur de chandelle.
 
Elle vous fixe de sa face impassible, vous qui avez des visages d'humains et des pensées tièdes, vous qui avez des têtes ordinaires et des rêves terrestres, vous les bipèdes sans ailes qui ne dirigez que trop rarement vos fronts vers cette voyageuse cosmique aux allures de hibou.
 
Le satellite qui luit tel un songe doré dans l'empyrée vous adresse ses mystères nocturnes. Il vous destine ses mots éternels et vous communique ses désirs astronomiques, vous les hommes qui ne pensez qu'aux choses à portée de vos semelles, qu'aux jours proches de votre nez, qu'aux lumières de vos néons...
 
L'astre aux airs de fantôme veut vous soulever de votre sol, vous arracher de votre plancher des vaches, vous élever à sa hauteur afin de faire de vous des oiseaux et non des rats, des êtres de plume au lieu d'enclumes rampantes, des incarnations de la légèreté à a place de ces entités de plomb que vous êtes !

La compagne de notre globe souhaite enchanter l'Humanité entière de sa poétique présence au-dessus de toutes les pesanteurs du monde.